Un budget de la dignité pour la Tunisie

En Tunisie, les mobilisations révolutionnaires de décembre 2010-janvier 2011 ont érigé la « dignité » comme une revendication centrale. Dix ans après la chute du président Ben Ali, cette aspiration continue à animer le peuple tunisien.

En Tunisie, comme dans d’autres pays où les contestations populaires du « Printemps arabe » se sont exprimées, les mobilisations révolutionnaires de décembre 2010-janvier 2011 ont érigé la « dignité » comme une revendication centrale. Désormais, cette exigence figure dans la devise de la République tunisienne et la nouvelle constitution précise que l’Etat assure aux citoyens « les conditions d’une vie digne ». Dix ans après la chute du président Ben Ali, cette aspiration continue à animer le peuple tunisien.

Cet objectif englobe de multiples dimensions visibles dans les revendications des mouvements sociaux des jeunes chômeurs ou précaires ainsi que dans les mobilisations du mouvement démocratique et de la société civile. La liberté d’expression, le sentiment de sécurité, l’accès à l’emploi, le droit à la santé, l’organisation de pouvoirs démocratiques représentatifs des intérêts de la population figurent, entre autres, parmi les revendications exprimées par la population tunisienne et sont indispensables pour assurer les conditions d’une vie digne. D’autres dimensions non moins importantes portent sur les conditions de vie matérielles de la population tunisienne; c’est essentiellement sur cette question que porte ce projet pilote de recherche.

L’ambition de ce projet est de construire un outil qui réponde à cette exigence. Il s’agit ainsi, à travers une démarche participative impliquant des citoyennes et des citoyens, de définir les ressources nécessaires pour couvrir les besoins de la population afin d’assurer les conditions matérielles minimales d’une vie digne en Tunisie.

Par rapport aux analyses de la pauvreté qui identifient des populations en situation d’exclusion, notre projet inverse la perspective afin de définir, par un consensus citoyen, un seuil d’inclusion, c’est-à-dire un seuil minimal audessus duquel chacun peut être assuré d’avoir les ressources nécessaires pour mener une vie digne, sans courir le risque de privations.

La première partie du rapport présente brièvement le cadre théorique et méthodologique de la recherche et détaille les principales étapes de son déroulement. Dans une seconde partie, on décrit le contenu détaillé du panier de biens et services nécessaire pour avoir des conditions de vie dignes et sur lequel les participants ont abouti à un consensus. La troisième partie donne des éléments de chiffrage du budget correspondant à ce panier de consommation minimum et propose quelques éléments d’analyse de ces résultats.

Pour mener à bien ce projet, trois institutions ont décidé d’associer leurs ressources et leur expérience : L’Institut de recherches économiques et sociales, International Alert et la Fondation Friedrich Ebert.