Sortir du piège du genre : Les normes patriarcales remises en question au service de la paix

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Sortir du piège du genre : Les normes patriarcales remises en question au service de la paix

Les normes sociales patriarcales façonnent fondamentalement les structures de pouvoir et les institutions mondiales, nationales et locales et empêchent systématiquement les voies vers une paix positive.

Dans les sociétés du monde entier, le pouvoir est détenu par les hommes, à travers des normes culturelles et des coutumes qui favorisent les hommes et privent les femmes d’opportunités. Ces normes patriarcales créent des définitions étroites et restrictives de la masculinité et de la féminité (ce que signifie être un homme ou une femme), ce qui entraîne des inégalités entre les sexes et enferme les femmes dans des rôles sociaux subjugués, marginalisés et précaires.

En tant qu’aspects culturellement ancrés de la société, les femmes et les hommes renforcent et subissent les conséquences de ces rôles et comportements rigides.

Les dernières recherches d’International Alert au Kirghizstan, au Népal, au Nigeria et aux Philippines ont montré que la consolidation de la paix est compromise par une conception patriarcale restrictive des rôles des hommes et des femmes. Chacun de ces pays a élaboré des plans d’action nationaux sur la base de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité, mais chacun d’entre eux s’est efforcé de promouvoir une égalité des sexes significative et durable parce qu’ils ne disposent pas de programmes qui transforment les normes discriminatoires en matière de genre.

Notre recherche montre que les normes patriarcales doivent être placées au cœur de la consolidation de la paix pour parvenir à une paix durable.

Revoir les réponses à la violence sexuelle et sexiste sous l’angle des normes patriarcales:

  • Pour que les réponses à la violence sexuelle et sexiste soient efficaces, il faut s’attaquer aux structures patriarcales. Dans l’État de Bauchi, au Nigeria, par exemple, les chefs traditionnels et religieux sont très influents et les cas de violence sexuelle et sexiste sont souvent traités par la charia ou les systèmes juridiques traditionnels. Ceux-ci tendent à privilégier les règlements entre familles au détriment des besoins des femmes et peuvent conduire les survivantes à épouser les auteurs des violences.
  • Aux Philippines, la stigmatisation sociale et les mécanismes de règlement des litiges discriminatoires ont conduit à une sous-déclaration systématique des violences liées au genre. Les attentes patriarcales empêchant les femmes de se manifester, l’efficacité des interventions visant à évaluer et à combattre la violence fondée sur le genre est gravement entravée.


Localiser le langage et les solutions concernant l’inégalité entre les femmes et les hommes, en les rendant accessibles et pertinents sans adopter une approche unique:

  • Il ne faut pas oublier de trouver le langage adéquat pour promouvoir l’égalité des sexes et protéger les femmes. Les groupes de discussion au Kirghizstan ont constaté que le concept de genre est généralement perçu comme une idée occidentale qui menace les relations familiales traditionnelles. Conformément au mouvement de localisation dans le cadre de la consolidation de la paix, les interventions efficaces doivent chercher à contextualiser les concepts. Un expert linguistique kirghize a pu développer un lexique en langue kirghize à partir d’un travail effectué dans cinq communautés islamiques conservatrices à travers le pays. L’ancrage de ce travail dans le contexte culturel local a permis de comprendre ce qui empêchait les chefs religieux de s’exprimer contre la violence sexiste dans leurs communautés.
  • Les femmes sont confrontées à une réalité complexe : elles doivent naviguer, négocier et choisir leur voie dans le cadre des normes, des valeurs, des traditions et des croyances dans lesquelles elles ont été socialisées. Il n’existe pas de solution unique. Aux Philippines, les réseaux d’intervention et d’aide sociale dirigés par les femmes elles-mêmes contournent les normes patriarcales et contribuent à des actions efficaces adaptées à leur contexte, à leur réalité et à leurs besoins spécifiques.


Les chiffres ne suffisent pas pour obtenir une véritable égalité entre les sexes ; il faut transformer les comportements.

  • L’augmentation du nombre de représentantes politiques doit s’accompagner d’une transformation des normes et des comportements discriminatoires à l’égard des femmes, afin de donner la priorité aux politiques qui favorisent l’égalité entre les hommes et les femmes et de les mettre en œuvre. Au Népal, un système de quotas a contribué à une augmentation rapide de la représentation des femmes, mais ne s’est pas traduit par une véritable égalité et une inclusion plus large. La participation des femmes a été considérée comme symbolique et les femmes sont toujours traitées avec condescendance et dépeintes comme moins compétentes. Les valeurs patriarcales ont imprégné les institutions politiques et constituent un obstacle permanent à la représentation des femmes.


Il est essentiel de s’attaquer aux normes patriarcales et aux constructions sociales de la masculinité et de la féminité pour parvenir à l’égalité entre les hommes et les femmes et construire une paix positive durable.

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