Sécurité humaine dans l'Union du Fleuve Mano: Autonomisation des femmes pour répondre à la violence basée sur le genre dans les communautés frontalières

La violence sexuelle et sexo-spécifique (sexual and gender-based violence : SGBV) est l’une des principales séquelles du conflit régional qui a déchiré pendant quatorze ans (1989-2003) les pays de l’Union du fleuve Mano (UFM) : Guinée, Libéria et Sierra Leone.

Des milliers de femmes et de filles, ainsi que de nombreux hommes et garçons ont subi le traumatisme physique et psychologique du viol et de la violence sexuelle pendant la guerre, lorsqu’ils étaient déplacés de leurs maisons ou après leur réinstallation dans les communautés dépourvues de services officiels de sécurité et de justice. En dépit du rétablissement de la police après la guerre, de la présence des services judiciaires et de l’adoption des lois protégeant les droits de la femme, peu de coupables ont été poursuivis avec succès en justice et la culture de l’impunité a persisté. Les structures sociales traditionnelles ont souvent toléré la violence familiale et les pratiques traditionnelles préjudiciables aux jeunes filles en particulier. Par rapport aux hommes, les femmes ont eu des possibilités limitées en matière d’autonomisation que ce soit par le biais de l’éducation, de la croissance économique et d’accès aux droits d’héritage.

Pour faire face aux énormes défis post-conflit en matière de sécurité des femmes et des filles, International Alert et ses partenaires ont conçu en 2008 une initiative impliquant trois pays en vue de réduire les menaces qui pèsent sur la sécurité individuelle et faire face à la culture de l’impunité autour de la violence sexuelle et sexo-spécifique. Cette initiative a ciblé les communautés affectées par la guerre dans neuf régions frontalières, dont cinq au Libéria, deux en Sierra Leone, et deux en Guinée. Ces communautés vont des villes isolées dans la forêt aux principaux centres urbains. Cette initiative vise à habiliter les communautés à faire pression pour la dénonciation plus systématique et égalitaire de la SGBV, pour une sécurité et des réponses judiciaires à la fois plus justes pour tous et sexo-spécifiques, et pour une réponse sous-régionale cohérente à la violence dans les communautés frontalières.

Le projet ‘Sécurité humaine dans l’UFM’ a élaboré une approche programmatique adaptée aux langues et cultures locales pour permettre à un réseau de radios communautaires de remettre en cause les connaissances, attitudes et pratiques locales en matière de violence sexuelle et sexospécifique afin de réduire la fréquence de ces actes et la stigmatisation des victimes. Il a développé un réseau d’« animateurs » dans les neuf communautés qui assurent l’information, l’assistance et le plaidoyer en faveur des hommes et des femmes et qui les oriente vers des actions de prévention et de réparation. Les autorités coutumières, notamment les chefs, les anciens et les responsables des organisations féminines, ont été influencées en tant que façonneurs d’opinion et formées en tant que principaux responsables de l’accès à la justice au niveau local. En même temps, International Alert a beaucoup appris sur les défis à relever pour favoriser l’accès à la justice, tant officielle qu’informelle, promouvoir et protéger les droits dans les trois pays et sur la manière dont la violence sexuelle et sexo-spécifique affecte aussi bien les hommes que les femmes.