Communiqué à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale
Ces dernières semaines, la Tunisie a été le théâtre d’une vague d’agressions racistes. Les migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont été la cible de violences physiques, d’arrestations et de détentions arbitraires par la police, d’expulsions par des propriétaires et d’autres violations des droits de l’homme fondamentaux.
Une rhétorique raciste et haineuse circule largement sur les médias sociaux depuis que le président a affirmé qu’il existait un complot visant à modifier la démographie du pays par le biais de l’immigration. Cette rhétorique rappelle de manière inquiétante la théorie du « grand remplacement » des nationalistes blancs et de l’extrême droite en Europe.
International Alert a travaillé avec des partenaires de la société civile pour promouvoir l’inclusion des groupes marginalisés, ce qui est fondamental pour un pays démocratique. Les développements récents conduisent à des violations des droits de l’homme et empêchent les groupes marginalisés tels que les migrants d’accéder aux droits fondamentaux.
Bien que la Tunisie ait ratifié la Convention internationale sur l’élimination de la discrimination raciale et adopté la première loi antiraciste de ce type en Afrique du Nord et dans le monde arabe, la population noire tunisienne a toujours été confrontée à un racisme structurel, à la marginalisation et à l’inégalité. Depuis la révolution de 2011, les victimes du racisme sont devenues plus visibles grâce au mouvement social tunisien et à la société civile qui ont contesté les formes sociales et institutionnelles du racisme.
Les migrants originaires d’Afrique subsaharienne rencontrent plus de difficultés que tous les autres migrants pour obtenir des permis de travail et des papiers en Tunisie. La vague de répression contre les migrants africains est une manifestation particulière d’une approche sécuritaire de la migration soutenue par l’externalisation des frontières de l’UE, qui a favorisé des violations massives des droits de l’homme, y compris l’émergence de centres de détention inhumains et l’interception violente des migrants dans les pays de transit.
En Afrique, les migrants sont de plus en plus victimes de racisme et de discrimination. L’incapacité des pays africains à faire face à la crise socio-économique, au chômage et à la dégradation des services publics a permis aux déclarations anti-migrants et aux discours de haine raciste de se multiplier en toute impunité.
En Europe, le soutien au discours d’extrême droite s’accroît3 et a conduit à une augmentation de la discrimination et du racisme, les migrants africains faisant partie des groupes les plus marginalisés. Selon le récent discours des experts de l’ONU, par exemple, « le racisme au Royaume-Uni est structurel, institutionnel et systémique, et les personnes d’ascendance africaine dans le pays continuent de subir une discrimination raciale et une érosion de leurs droits de l’homme ».
A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, les équipes nationales d’International Alert en Afrique se joignent aux Tunisiens et aux autres membres de la société civile africaine pour lancer un appel:
au gouvernement tunisien de:
- Arrêter la vague de violations contre les migrants noirs africains.
- De démanteler toutes les formes de discrimination structurelle à l’encontre des Tunisiens noirs.
Aux gouvernements occidentaux de :
- Assurer la liberté de circulation et mettre fin à la politique d’externalisation des frontières.
- Confronter les héritages de l’esclavage et du colonialisme et rendre une justice réparatrice.
Les organisations internationales doivent :
- Renforcer leur soutien humanitaire/juridique aux migrants.
- Soutenir les voix de la société civile africaine.
Signé par
Avocat San Frontiéres
International Alert DRC
International Alert Kenya and the Horn of Africa
International Alert Mali
International Alert Rwanda
International Alert Tunisia
World Organisation Against Torture