Sous emprise: Pourquoi les jeunes rejoignent des groupes armés au Sud-Kivu – RDC
La présente étude poursuit deux objectifs principaux: identifier les facteurs d’incitation et d’attraction des jeunes dans les groupes armés et déterminer ceux qui peuvent les amener à se démobiliser.
Les informations concordantes sur la problématique des groupes armés au Sud-Kivu, et dans les territoires de Fizi, de Mwenga et d’Uvira en particulier, sont assez alarmantes du point de vue de la montée vertigineuse du nombre de jeunes rejoignant les groupes armés chaque année, et surtout des conséquences qui en découlent.
Selon les estimations les plus récentes1, il reste aujourd’hui environ 1 632 jeunes, parmi lesquels 128 filles et 280 garçons âgés de 15 à 18 ans, dans les groupes armés présents dans les hauts plateaux de Fizi et de Mwenga, dans la plaine de la Ruzizi ainsi que dans les moyens plateaux d’Uvira au Sud-Kivu.
Les échecs successifs des programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) sont cités comme l’une des causes majeures qui contribuent étroitement à l’accroissement de ces chiffres. En effet, bien que le troisième programme général de DDR (DDR3) ait reçu l’appui de la communauté internationale et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, pour l’heure les bailleurs de fonds n’ont que peu contribué aux 100 millions de dollars US que devrait coûter l’opération. Leur hésitation serait liée à des préoccupations relatives au coût du déplacement massif de combattants et au manque de détails quant à la phase de réinsertion.
Pour la collecte de données quantitatives, un sondage a été réalisé auprès d’un échantillon de 487 sujets constitué de jeunes sortis de groupes armés, d’autres membres de la communauté ainsi que d’autorités locales. Ces personnes ont été choisies de manière aléatoire. Parallèlement, l’organisation de 16 focus groups avec un total de 192 personnes nous a permis de recueillir des données qualitatives.
En ce qui concerne les facteurs d’incitation, les résultats montrent que sur le plan social, les jeunes sont forcés par les membres des groupes armés et poussés par leurs parents et les leaders communautaires à rejoindre ces groupes. Par ailleurs, certains jeunes se disent rejetés par leur famille, quand d’autres s’engagent pour échapper aux poursuites après avoir commis des méfaits dans leur communauté. D’autres encore sont animés par le désir de vengeance et de domination à l’encontre d’autres communautés ethniques ennemies.