Commerce transfrontalier : générer des revenus, instaurer la confiance

Borauzima est originaire de la République démocratique du Congo et gagne sa vie en traversant la frontière, où elle peut vendre du pétrole pour quelques dollars par jour. Dans le passé, elle a été victime de harcèlement et d’extorsion de la part des agents des frontières, ce qui a rendu les affaires difficiles.

Mais un projet géré par International Alert RDC aide des femmes comme Borauzima à gagner en confiance, à protéger leurs droits et à améliorer leurs relations de travail avec les commerçants rwandais.

© Patient Keendja/International Alert

« Je faisais tous les jours ce travail dans la peur, à cause du système de travail lors de la traversée des frontières qui était flou et très compliqué pour moi, ce qui me poussait à emprunter la voie de fraude, qui coûtait moins cher que de passer sur la voie normale, mais était aussi source de harcèlement si l’on se faisait prendre. Le climat de travail aussi était caractérisé par la méfiance, surtout avec nos consœurs rwandaises.

« Je ne pouvais pas passer plus de 3 heures au Rwanda, je me dépêchais toujours pour en partir le plus tôt possible. Nous vivions dans l’ignorance complète de nos droits et devoirs en tant que femmes commerçantes transfrontalières et aussi dans l’ignorance des principes de base de gestion, ce qui nous empêchait de faire prospérer notre commerce et d’évoluer.

« Personnellement, j’ai vécu plusieurs changements dus aux activités de ce projet en retrouvant le goût de mon travail car je sais par où commencer et finir si je traverse. Je sais à qui payer tel ou tel autre frais, et cela se fait maintenant de manière rapide et surtout dans le respect entre nous et les agents frontaliers … Aujourd’hui, j’ai mon compte bancaire où je place mon épargne, que j’ai ouvert après 18 ans de travail dans l’ignorance et ça, c’est grâce aux formations reçues sur la gestion du petit commerce… »

L’amour est le plus grand message que j’aie tiré de ce projet et cela, à tous les niveaux. Je me sens maintenant en famille quand je me rends au niveau du Rwanda et que mes consœurs rwandaises m’invitent à partager un repas ou à d’autres cérémonies sociales, et il m’arrive de passer la nuit au Rwanda en toute quiétude.

« Au niveau de la frontière entre nous et les agents, c’est maintenant une collaboration fraternelle, même en cas de difficulté. Ils nous guident et nous remettent sur la bonne voie. Dans ma famille, la culture du dialogue s’est améliorée, surtout dans la planification des dépenses avec mon mari. Cela nous évite les petits tracas familiaux de tous les jours. Ma façon de voir les choses a changé suite à mon épargne en banque et j’envisage maintenant de me lancer dans le grand commerce sur l’axe Bukavu (RDC)-Kampala (Ouganda) vers la fin de l’année 2014.

« Nous avons bénéficié de ce projet qui a été très utile pour nous, mais il est important de souligner que les femmes qui exercent le petit commerce transfrontalier n’en ont pas toutes bénéficié, que ce soit du côté de la RDC ou encore du Rwanda, et donc un programme pour elles aussi serait d’une grande importance. »