Comment gérer une crise sur fond de conflit ? Le cas de l’éruption du volcan Nyiragongo en RDC

Dans la nuit du 22 au 23 mai 2021, le volcan Nyiragongo qui surplombe Goma est entré en éruption. Grâce à la rapidité de réaction de la population, on ne déplore pas plus de 32 morts, mais 3 629 habitations et des infrastructures essentielles ont été détruites dont des sites d’approvisionnement en eau.

Dans les jours qui ont suivi l’éruption, plus de 700 tremblements de terre d’une magnitude de 4 à 5 sur l’échelle de Richter ont secoué les bâtiments de la ville. Certains se sont effondrés, faisant craindre que des gaz toxiques s’échappent de fissures dans la terre. Les autorités de la province, actuellement sous administration militaire pour des raisons sécuritaires, ont ordonné l’évacuation de dix quartiers à l’est de la ville : près de 21 000 personnes ont été déplacées et n’ont pu regagner Goma que deux semaines plus tard, le 7 juin.

Lava churns in the crater of Mount Nyiragongo Volcano, Democratic Republic of Congo (DRC). Ⓒ Morgan Trimble/Alamy

Cette catastrophe naturelle frappe une ville déjà aux prises avec d’innombrables difficultés liées à la sécurité et au développement, conflits à répétition, affrontements entre groupes armés et armée régulière, exploitation illégale des ressources naturelles. Les institutions nationales sont affaiblies et la pauvreté endémique accable la plus grande partie de la population. Sans oublier les crises sanitaires, dont les récentes épidémies d’Ebola et de COVID 19, auxquelles s’ajoutent les flambées récurrentes de typhoïde, de paludisme et de choléra dans certains secteurs de la ville, pour ne citer que quelques exemples.

Dans cet article, nous allons à la rencontre de Charles Kigungu Bongwa, Responsable du plaidoyer et de la communication d’Aler RDC au sein du projet régional Mupaka Shamba Letu (MSL) « La frontière, notre gagne-pain ». Il travaille à Goma et nous parle de l’impact de l’éruption, des problèmes sécuritaires de la population du Nord-Kivu et de la contribution des projets d’Alert à la consolidation de la paix dans la région.

Quelles sont les difficultés particulières posées par la gestion d’une crise sur fond de conflit ?

Les conflits compliquent la gestion de crise. Le Nord-Kivu est actuellement sous administration militaire. Face à l’insécurité grandissante à l’est de la RDC – Nord-Kivu et Ituri principalement – le président a mobilisé l’armée le 6 mai pour tenter d’apaiser les violences perpétrées par les groupes armés contre les civils. Tous les postes civils au sein de l’administration provinciale ont été remplacés par des militaires. N’ayant pris leurs fonctions que le 6 mai, ils n’ont pas eu le temps de se familiariser avec leurs missions et d’établir de bons rapports avec les populations locales. C’est pour cette raison qu’il a été difficile d’obtenir des informations crédibles sur la situation et de les communiquer d’une manière qui encourage la population à agir – à fuir, dans ce cas.

Dans les heures qui ont suivi l’éruption, la panique s’est emparée des rues. Les gens avaient peur que la coulée de lave traverse toute la ville comme en 2002. Heureusement, elle s’est arrêtée aux abords de l’aéroport, mais les gens étaient traumatisés. Il n’y avait eu aucune alerte. Ils ont vu le ciel nocturne rougeoyer et ils ont pris la fuite comme ils l’ont fait tant de fois par le passé pour échapper au conflit armé. L’État n’était pas du tout préparé. À cause des dispositifs d’alerte défaillants, l’éruption nous a tous pris au dépourvu.

La sécurité est un problème majeur dans cette partie du pays et les gens ne savaient pas où aller pour fuir la lave sans courir vers le danger. Il y a des opérations militaires à quelques heures de Goma, dans des secteurs où les groupes armés et les bandits opèrent librement. Et puis, après des décennies de conflit, les infrastructures en dehors de la ville sont lamentables. Des secteurs comme Sake, devenue un centre pour les déplacés de Goma dans les premiers jours qui ont suivi l’éruption, ont vite été submergés. Les organismes humanitaires ont rapidement organisé une réponse aux besoins en eau et assainissement pour tenter d’éviter une flambée de choléra et une crise sanitaire.

Les problèmes sécuritaires et des conditions économiques épouvantables, résultats elles aussi de plusieurs décennies de corruption qui ont fragilisé les bases de l’économie locale, expliquent par ailleurs pourquoi beaucoup de personnes ont ignoré l’injonction de l’État à rester en dehors de la ville tant que les tremblements de terre n’auraient pas cessé. C’est la peur d’être cambriolés sans que les services de police, mal entraînés et mal rémunérés, ne puissent rien faire, qui a poussé bon nombre d’entre nous à regagner nos maisons avant d’être 100 % certains que le danger était passé.

Quel rôle les organisations de consolidation de la paix comme International Alert jouent-elles dans ce type de situation ?

Les organisations de consolidation de la paix ont un rôle important à jouer. Elles aident la société civile, l’État et les responsables locaux à combler les déficits de communication avec tous les secteurs de la population. Notre mission consiste à développer la confiance entre ces dirigeants et la communauté au sens large. La confiance a été réduite à néant par des années d’abandon des communautés à leur sort, crise après crise, parce que l’État ne peut pas ou ne veut pas les aider, par exemple lorsque certains acteurs étatiques individuels sont eux-mêmes partie au conflit. Les opérations de consolidation de la paix ont pour but d’aider la société civile, les pouvoirs publics et les responsables locaux à rétablir le contact entre les dirigeants et les communautés touchées par le conflit. Nous cherchons à prêter main-forte aux communautés pour qu’elles puissent se faire entendre, exprimer leurs besoins, mais aussi leurs desiderata sur la gestion de crise.

La communication sensible au conflit demande de bien comprendre les causes fondamentales des affrontements et leur évolution dans certains secteurs. Au Nord-Kivu, par exemple, les conflits ont déchiré des communautés notamment car les dirigeants divisent les populations pour mieux régner, au nom de l’identité ethnique. Il faut en tenir compte avec discernement pour faire passer le message aux populations locales qu’elles doivent partir. Si le message est transmis par une personne qui appartient à un certain milieu ou dont on sait qu’elle a joué un rôle dans le conflit par le passé, certains risquent de comprendre qu’ils sont évacués de force et qu’ils ne seront jamais autorisés à rentrer chez eux. Je pourrais citer d’autres exemples de l’influence des perceptions sur les messages et sur la gestion de crise.

Notre rôle est de renforcer le plaidoyer pour une meilleure capacité d’intervention et une meilleure gestion des crises, en particulier au niveau des communautés. Nous voulons faire en sorte que les réponses aux crises tiennent adéquatement compte des vulnérabilités des différents groupes touchés par le conflit et la crise. Les conditions du terrain, c’est-à-dire les inégalités et la dynamique du conflit, doivent être prises en considération dans la distribution d’aide aux communautés pour éviter d’aggraver les tensions qui opposent déjà différents groupes.

L’est de la RDC est depuis des années sous l’emprise de conflits violents successifs qui se superposent à des crises à répétition. Il y a les épidémies et, plus récemment, l’éruption volcanique. La population a-t-elle développé une certaine capacité de résilience qui lui permet de mieux gérer les crises ?

Oui, à force de conflits, certaines personnes sont devenues plus résilientes. Elles n’ont pas eu le choix. À cause de la corruption omniprésente et de l’énorme coût d’une lutte incessante contre les conflits, l’État n’a pas grand-chose à offrir aux communautés en matière de protection. Les services de santé manquent désespérément de ressources dans les secteurs du Nord-Kivu en conflit. Qui plus est, ils sont parfois considérés comme accessibles à une partie au du conflit seulement, ou à certaines communautés et pas à d’autres. Il n’y a aucun dispositif de secours pour les familles qui ont perdu leur principal gagne-pain à cause des combats, ou encore pour les orphelins recueillis par des parents éloignés et des voisins.

L’éducation des enfants a été profondément perturbée parce qu’ils sont si souvent obligés de prendre leurs affaires et de partir quand les affrontements entre les groupes armés et l’armée régulière sont de nouveau trop proches. Les agences humanitaires et la Monusco font tout leur possible, mais aussi avec des moyens limités. Les familles, les communautés, les groupes confessionnels et les groupes de la société civile ont mis en place de larges réseaux pour recueillir des parents ou des proches déplacés. Ils leur ouvrent leurs champs, déjà petits, pour que ces personnes déplacées puissent cultiver de quoi se nourrir ou vendre au marché. Les enfants travaillent dans les champs, font des dizaines de kilomètres à pied pour aller chercher de l’eau potable ou s’occupent des plus jeunes membres du ménage. Les jeunes hommes sont souvent poussés par leurs familles à partir chercher du travail ou à rejoindre des groupes armés pour défendre leurs communautés sous promesse de rémunération.

À cause de ce vécu, les communautés n’attendent plus rien de l’État. Ce qui ne veut pas dire qu’elles n’ont besoin de rien. Elles sont incroyablement dépendantes du peu de sources de soutien disponibles. Des gens meurent chaque jour de maladies évitables, les enfants et particulièrement les jeunes femmes sont privés de leurs droits à l’éducation et à la sécurité, et les niveaux de violence, y compris de violence sexiste, sont toujours aussi élevés. L’appareil judiciaire croulant est submergé et incapable de défendre les droits fondamentaux de la population. Pendant ce temps, l’impunité et l’intimidation par les chefs des groupes armés et les fonctionnaires d’État règnent, privant de nombreux citoyens et citoyennes de recours à la justice. Les communautés avec lesquelles Alert dialogue dans le cadre de ses programmes sont lasses de l’absence de progrès dans leurs villes et villages, et de devoir s’en sortir avec le strict minimum parce que l’État est incapable de les aider. Par ailleurs, ce recours aux réseaux locaux ne se prête pas à une réponse efficace en cas de crise ; il appartient à l’État de veiller à ce que les populations soient bien informées sur le déroulement de la crise et les recommandations du gouvernement.

L’État doit aussi assumer un rôle de coordinateur et être capable d’assurer le respect des normes élémentaires de protection dans les interventions (afin que certains acteurs ne profitent pas du chaos causé par une crise pour se livrer à des exactions contre les communautés, ou spécifiquement contre les femmes et les enfants).

Border crossing between DRC and Rwanda.
More than 45,000 people cross the border from Rwanda in DRC everyday.  © Global Press/Alamy

Comment gérez-vous la crise, personnellement ? Œuvrer à la consolidation de la paix dans ce contexte doit être stressant. Comment gérez-vous votre travail, et quelles craintes avez-vous, personnellement, pour votre famille et votre propre sécurité ?

Quand j’ai appris sur les réseaux sociaux que le volcan était de nouveau en éruption, j’ai tout de suite repensé à 2002. Notre maison avait été engloutie par la lave et nous avions dû repartir de zéro, sans aucune indemnisation ni aide de la part de l’État. Je ne m’attendais pas à recevoir d’informations par les canaux officiels, alors j’ai commencé à préparer ma famille à quitter Goma en suivant les conseils que l’équipe de direction d’Alert a pu diffuser sur les zones de sécurité et les itinéraires sûrs pour sortir de la ville. Travailler dans des zones de conflit m’a appris l’importance de garder son calme en temps de crise, d’être présent pour ma famille et mes proches et de réfléchir vite. C’est grâce à ça que nous avons pu fuir la ville.

Comme tant d’autres familles, nous avons passé plusieurs semaines à Bukavu. Nous avons au moins pu y trouver un abri sûr et j’ai eu la possibilité de travailler depuis le deuxième bureau d’Alert. Je suis reconnaissant à mes collègues du soutien qu’ils m’ont apporté pendant cette période, qui nous a aidés à garder le moral et à rester positifs. Nous faisons partie de ceux qui ont eu de la chance. Nous ne savions pas ce qui nous attendait quand nous avons regagné Goma et même si nous avons été choqués par les fissures dans les routes et les bâtiments publics, nous nous sommes estimés heureux que notre maison soit restée quasiment intacte.

J’ai choisi un parcours professionnel dans la consolidation de la paix pour aider les autres. Dans de tels moments de stress, me concentrer sur les besoins des autres et échanger des idées avec mes collègues sur ce que nous pouvons faire m’aide à oublier mes propres soucis pendant quelques heures chaque jour. Mais séparer mon vécu personnel de celui des communautés que nous aidons est impossible. C’est à cause de ce que le conflit et l’instabilité au Nord-Kivu ont infligé à ma famille que j’ai décidé de m’investir dans la consolidation de la paix et de voir ce que je pourrais faire pour aider les autres, afin que la prochaine génération de jeunes en RDC n’ait pas à subir les mêmes souffrances.

Quel impact la crise a-t-elle eu sur la mission d’Alert et sur votre projet de commerce transfrontalier en particulier ?

Alert pilote un projet appelé Mupaka Shamba Letu (MSL) « La frontière, notre gagne-pain » avec le soutien de l’ambassade de Suède et de la coopération suisse. Ce projet a la double ambition de contribuer à la stabilité dans la région des Grands Lacs en aidant les petites commerçantes transfrontalières à développer leur capital social et économique entre les frontières, et de démontrer aux dirigeants du Rwanda, du Burundi et de la RDC les avantages de la stabilité pour la paix et la prospérité.

L’éruption volcanique a perturbé le commerce transfrontalier. Les commerçantes ont été forcées de fuir la zone ; certaines ont d’ailleurs été recueillies par d’autres commerçantes rencontrées dans le cadre du programme d’Alert de l’autre côté de la frontière, au Rwanda, ce qui témoignage de la relation de confiance bâtie grâce au projet. L’infrastructure du marché a subi des dégâts, les lignes électriques sont tombées à terre dans les jours qui ont immédiatement suivi l’éruption et certains entrepôts et dépôts ont été endommagés par les tremblements de terre. Ces dépôts se trouvent dans la trajectoire prévue de la coulée de lave. Nous avons eu de la chance qu’elle ne soit pas allée plus loin, sinon des milliers de dollars de marchandise auraient été détériorés en quelques secondes. Les restrictions de la circulation ont également impacté la chaîne de valeur dans son ensemble et le mouvement des marchandises, sachant que la plupart des femmes vendent des fruits et légumes frais qui arrivent chaque jour d’autres provinces. Elles ont très peu d’épargne et ont donc été secouées par la perturbation des échanges commerciaux dans les semaines qui ont suivi l’éruption. Quelques activités du projet MSL, dont les cercles d’alphabétisation et les groupes de dialogue, ont dû être interrompues quelques semaines parce que les participantes se sont trouvées dispersées aux quatre coins de la ville.

Le personnel des partenaires de projet d’Alert a lui aussi dû fuir la ville, ce qui a rendu la reprise des activités plus difficile que d’habitude une fois les ordres d’évacuation levés. Nous nous sommes cependant adaptés au contexte, en travaillant avec les plateformes de commerçants transfrontaliers pour analyser rapidement l’impact de l’éruption sur l’infrastructure du marché et vite rediriger des fonds pour réhabiliter sans attendre un petit nombre de hangars. Avec le concours des cercles de dialogue et d’alphabétisation, nous avons pu contacter et localiser les commerçantes qui participent au projet, ce qui nous a permis de reprendre les activités une fois ces femmes de retour dans la même ville. Quelques-uns des dirigeants des coopératives soutenues par le projet ont facilité le contact entre les commerçantes qui essayaient de localiser des membres de leurs familles perdus de vue. Le soutien que nous apportons aux coopératives et aux associations d’épargne est encore plus important maintenant que les commerçantes ont besoin d’accéder à ces fonds pour subvenir aux besoins de leurs familles et compenser la perte de revenus subie pendant cette période. Le projet œuvre aussi aux côtés des entreprises locales à travers son initiative « Business for Peace ». Nous essayons à l’heure actuelle de faciliter les consultations entre les pouvoirs publics et les entreprises qui tentent de reprendre leur activité, mais qui ont besoin que les infrastructures essentielles endommagées – entrepôts, routes et dépôts – soient réparées pour faciliter le commerce.

Quelles sont vos recommandations aux acteurs qui répondent à la crise (le gouvernement, les donneurs, les ONG, l’ONU, la société civile, la population) pour veiller à ce que cette réponse soit sensible au conflit ?

Il est très important que les dirigeants provinciaux améliorent leurs communications avec la population du Nord-Kivu, et que tous les gouvernements aient un plan de communication clair en place pour les périodes de crise. Ils renforceront ainsi la confiance des communautés dans la réponse de l’État, et rendront possible une action plus coordonnée pour servir les besoins et les priorités des populations les plus vulnérables à ces moments-là. L’amélioration des communications pourrait aussi apaiser les conflits et les tensions entre les communautés et les acteurs étatiques ; réduire les morts évitables et les violations des droits de l’homme. Les gouvernements et les organismes humanitaires qui répondent à la crise doivent tenir compte de la dynamique historique du conflit et bien réfléchir à la manière dont leurs messages ou leurs actions peuvent être perçus par différentes communautés en fonction de leur vécu passé et présent du conflit.

Les partenaires de développement du gouvernement de la RDC devraient aider les dirigeants militaires à se rapprocher de la société civile et des entreprises pour comprendre l’impact de l’éruption volcanique sur la situation socio-économique déjà fragile de Goma et de ses environs, et les impliquer dans la réponse. Les structures locales sont une ressource inestimable en un tel moment ; elles jouissent par ailleurs souvent de la confiance des communautés qui voient en elles des acteurs crédibles.

À plus long terme, nous encourageons les ONG, les pouvoirs publics et les organismes des Nations Unies à multiplier les échanges sur la gestion de crise en période de conflit, afin de pouvoir répondre plus efficacement aux besoins des communautés et de ne pas aggraver les tensions. Il faudrait aussi évaluer la capacité du gouvernement de la RDC à gérer la crise et établir dans quels domaines un soutien accru et des plans d’intervention d’urgence sont nécessaires. Les organisations de la société civile ont un rôle important à jouer dans ces discussions en exprimant les recommandations et les demandes des communautés locales les plus touchées par le conflit et les crises.

Small-scale traders selling their products at in a market in DRC.
Small-scale traders selling their products at in a market in DRC. © REUTERS/Robert Carrubba/Alamy

COUP DE PROJECTEUR

International Alert œuvre au plus près de ses partenaires et des communautés servies. Pour cette raison, nous voulions adresser une série de questions à Michel Djamba de l’Association des commerçants transfrontaliers de Goma, ACT-Goma, pour en savoir plus sur leur exérience de l’éruption du Nyiragongo le 22 mai 2021 et sur son impact socio-économique sur ces petits commerçants, les difficultés rencontrées et comment ils ont pu les surmonter

Comment les commerçants s’adaptent-ils à la crise ?

Le commerce transfrontalier a repris lentement, maintenant que les commerçantes se sont résignées à leur perte de stock et de bénéfices. Plusieurs d’entre elles ont été victimes de vols quand elles ont été forcées d’abandonner leurs maisons et leurs entrepôts pour fuir l’éruption. Les coopératives et les plateformes de commerçants aident les plus vulnérables et les plus touchées au moyen de contributions sociales et d’achats groupés de stock, mais nous ne pouvons malheureusement le faire que pour un nombre limité d’entre elles.

Avez-vous des recommandations de la part des commerçantes transfrontalières au gouvernement congolais et aux autres intervenants dans la gestion de crise ?

Les commerçantes veulent que le gouvernement aide le commerce transfrontalier à se remettre rapidement de la crise par plusieurs moyens :

  • En introduisant des tests anti-COVID-19 gratuits aux frontières et en utilisant des tests qui donnent des résultats en 15 minutes, pour réduire les pertes de temps et le coût pour les commerçantes.
  • En encourageant les services des frontières à être aussi ouverts et constructifs que possible dans leurs contacts avec les commerçantes pour comprendre leurs préoccupations et faciliter le commerce transfrontalier légitime. Nous encourageons un dialogue ouvert entre les autorités et les commerçantes pour cerner et résoudre les problèmes ensemble, dans le but de réduire le fardeau déjà lourd qui pèse sur les épaules de ces femmes.
  • En étudiant les moyens d’améliorer rapidement l’accès des commerçantes au crédit afin qu’elles puissent mieux gérer l’impact de la crise sur les revenus de leur ménage.

Faciliter le commerce aidera non seulement ces femmes, mais aussi leurs familles et leurs communautés à rebondir plus vite. Nous devons développer la confiance qui s’est installée grâce au commerce transfrontalier – en permettant à un plus grand nombre de commerçantes de bénéficier économiquement et d’accroître la cohésion sociale, qui leur permet de s’entraider dans l’adversité