Marcher dans l’obscurité : Le commerce informel transfrontalier dans la région des Grands Lacs

Le petit commerce transfrontalier joue un rôle considérable dans la région des Grands Lacs où des biens sont échangés entre la RDC, le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, permettant l’approvisionnement en biens particuliers (surtout produits vivriers) des régions qui ne produisent pas assez pour couvrir leurs besoins.

Ce commerce est majoritairement informel dans le sens où les commerçant(e)s ne sont pas enregistrés et ne paient pas d’impôt. Toutefois, ils/elles paient des taxes à l’exportation ou l’importation (selon le cas) et traversent souvent avec des documents de voyage aux points frontaliers officiels. Ils/elles contribuent ainsi à l’économie nationale, bien qu’une partie de leur activité soit informelle. Pour cette raison, les termes utilisés dans ce rapport sont ‘petit commerce’ ou ‘commerce informel’ transfrontalier.

Le petit commerce est un mécanisme de survie et d’emploi pour au moins 45 000 commerçant(e)s et ceux qui dépendent d’eux, dans une région qui a souffert longuement des conflits armés et où les autres options économiques sont limitées. Ces liens commerciaux transfrontaliers sont une preuve visible de l’interdépendance économique entre les pays de la région, et constituent un levier important pour la croissance économique ainsi que pour le rapprochement entre les populations, souvent divisées et méfiantes à l’égard des populations voisines à cause des conflits violents qui ont touché et continuent de toucher cette région. Le petit commerce informel transfrontalier est très largement dominé par les femmes : selon cette étude, elles totalisent 74 % des commerçant(e)s sur quatre postes frontaliers dans la région des Grands Lacs. Il est à noter qu’elles ont moins d’opportunités commerciales que les hommes et leurs contributions restent souvent ignorées par les institutions financières.

International Alert promeut depuis 2000 la participation politique des femmes dans la région des Grands Lacs, en appuyant les efforts des organisations et associations féminines locales. Depuis 2009, Alert travaille sur la capacité économique et le rapprochement entre femmes commerçantes. Ce programme vise deux objectifs : d’une part renforcer l’environnement des affaires pour les femmes petites commerçantes en vue d’améliorer leur survie économique, et d’autre part créer des opportunités de dialogue entre les commerçant(e)s et les autorités, afin de consolider la paix. La capacité de liaison des femmes commerçantes de part et d’autre des frontières ciblées sous ce programme sera renforcée, et renforcera une tolérance mutuelle entre les communautés de chaque côté des frontières.